PARIS

Publié le par Pénélope Lemarchand

paris.jpgREALISATEUR : Cédric Klapisch
ACTEURS : Juliette Binoche, Romain Duris...
DUREE : 2h10'


     A Paris, Pierre apprend que son coeur le lâche et qu'il va devoir subir une opération à risque. Dans les rues, les autres continuent de mener leurs vies avec petites et grandes peines, petits et grands espoirs...

     Paris est un film en mosaïque, avec des destins divers qui - parfois seulement l'espace d'un regard ou d'une seconde - se croisent quelque part dans les rues de Paris.
     C'est dire l'importance que prend le montage, qui va décider du rythme, de l'équilibre, de la cohérence, de l'harmonie entre toutes ces parties qui vont s'entremêler. Or justement, j'ai souvent trouvé que la magie ne marchait pas, et qu'au lieu d'avoir un kaléidoscope aux multiples facettes, on avait un éparpillement confus de points de vue assez désorganisé, ce qui crée des longueurs et des déceptions.
     Le problème quand il y a autant de points de vue différents, c'est justement d'arriver à donner soit un sentiment de totale confusion, de désordre, de constructio protéiforme ; soit un sentiment de profonde unité dans la diversité. Et là, Paris ne réussit ni l'un ni l'autre. Pas assez éclaté pour plonger le specateur dans une ville vraiment bigarrée et multicolore ; pas assez concentré pour sentir l'esprit qui fait communier tous ces personnages vivant entre les mêmes murs de la grande ville.
     Pourtant il y avait un regard unique - celui de Pierre - qui aurait pu assurer l'unité dans la diversité. D'ailleur le film commence comme le Rear Window d'Hitchkock, et on aurait pu assister à un Paris fantasmé et reconstitué par quelqu'un qui y vit et qui sait qu'il va mourir. Mais rapidement Pierre ne devient qu'une piste parmi des dizaines d'autres, et le fait qu'à la fin il croise un certain nombre d'autres personnage apparaît comme une facilité totalement artificielle.
     Il y avait aussi suffisamment d'acteurs, de figures, de personnalités, pour abandonner toute tentative d'unité et nous plonger dans un tourbillon de différence  - qui fait la particularité d'une métropole. Mais là encore le rythme fait que l'on a trop souvent le sentiment de s'appesantir, au lieu d'aller de flash en flash. On traîne sur le marché, on traîne à Rungis, ou alors on passe tellement vite que la sauce n'a pas le temps de prendre : chez le psychanaliste, par exemple.
     A cause de ces deux aspects : un regard unique qui ne joue pas son rôle, une diversité déservie par un montage molasson, le film est morne, long, pâle, partiel, et ne parvient pas à susciter beaucoup d'émotions. Les personnages passent, les uns après les autres. On les regarde passer. On attend quelque chose d'original, quelque chose de vivant, et le temps ne fait que passer.
     Donc, paradoxalement, c'est bien la vie qui manque dans ce film. Alors qu'il est censé raconter les dernier jours de vie d'un homme, les derniers jours dans la vie, dans le vivant, on a un tableau assez exsangue d'un Paris gris et cadavérique, où les gens gesticulent, parlent pour ne rien dire, subissent plus qu'ils n'agissent, sans qu'on sache - dans la confusion des points de vue - d'où vient ce regard un peu las et désabusé, s'il a un sens, s'il est le coeur du film, ou simplement un manque, une absence, un défaut.

Publié dans Mes Flops

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M
Je suis un petit peu mitigée sur ce film là...j'ai trouvé effectivement le montage long et lent, bien que justifié puisque nous sommes sensés suivre les derniers moments de la vie d'un homme malade. Ceci dit l'éventail de tous ses personnages est assez pénible, j'ai eu la même impression pendant un moment de voir un bout de "fenêtre sur cour" mais la vie de tous ses personnages n'est pas toujours liée à Pierre il est vrai. Donc à part les paysages de Paris que j'ai trouvé magnifiques, le film en lui-même m'a pas mal ennuyé... Je trouve les commentaires de ton blog très constructifs, et tes articles sont très bien écrits, chapeau ! :) A tout hasard serais-tu en cours de cinéma ? Personnellement j'ai fait un bac audiovisuel avec des études en plus spécialité montage, j'ai eu ma dose de films à masturbations cérébrale, bien que certains continuent de me plaire... :)
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S
Bonsoir,<br /> <br /> "Paris" n'est clairement pas la plus grande réussite de Cédric Klapisch mais est tiré vers le haut par une Juliette Binoche lumineuse dans cette nébuleuse d'étoiles (filantes). Et si le personnage de Mélanie Laurent est un gâchi total, celui de Karin Viard est excellent.<br /> <br /> Berf, malgré quelques réserves, "Paris" se suit tout de même avec plaisir. Et tant pis si le film manque de saveur et que la chorale finisse par devenir inaudible, c'est avant tout un immense hymne à la vie qui nous est offert là. Car, malgré des longueurs et une absence de fond par moment (sur certains personnages, délaissés, quand d'autres sont développés à l'envi), un brin d'optimisme ne fait pas de mal !
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X
Vu aujourd'hui et je suis totalement d'accord avec toi. Je vais tenter de faire ma critique mais je pense pas arriver a la hauteur de la tienne ;0)
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B
On se demande vraiment où Klapisch veut en venir. Tout ça reste bien ennuyeux.
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B
C'est vrai que moi aussi j'ai été très déçue de Paris. L'arrivée de la sœur de Pierre (heu j'ai un trou sur son prénom) marque le début de l'action - en qq sorte - et je trouve que le film s'axe beaucoup par rapport à elle plus qu'à Pierre. C'est elle qui va au marché, qui travaille, qui bouge, qui organise, et finalement, les malheurs de Pierre passent au second plan. C'est aussi l'histoire d'une reconstruction pour sa sœur, puisqu'à la fin elle trouve enfin l'amour. Malgré tout ce film redonne valeur à des moments communs de la vie, qu'on ne voyait même plus...un joli film, dommage qu'il soit mal construit!!<br /> Bon dimanche, :0010:
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