COLUCHE, L'HISTOIRE D'UN MEC

Publié le par Pénélope Lemarchand

TITRE : COLUCHE, L'HISTOIRE D'UN MEC
REALISATEUR : Antoine de Caunes
ACTEURS : François-Xavier Demaison, Léa Drucker...
DUREE : 1h43'



     En 1980, à l'approche des élections présidentielles, Coluche décide de se lancer dans la campagne et d'être candidat. Il s'attire la sympathie de nombreux français lassés par la politique, mais comprend vite qu'il a mis le pied dans un engrenage dangereux...

     Coluche est - pour le peu qu'on en voit aujourd'hui - un personnage ambigu, à diverses facettes. Le comique d'abord, dont l'humour faisait sans doute beaucoup rire à son époque, mais qui aujourd'hui semble quand même assez douteux - rire jaune bien souvent, qui ne mène sûrement pas à grand chose.
     Le personnage "humaniste" semble plus sympathique, mais laisse aussi entendre qu'il est arrivé un moment où il n'a plus tant cru que ça dans la force et l'efficacité de son personnage humoristique cynique et nihiliste, et qu'il a fallu basculer dans les bonnes oeuvres de patronage pour se donner l'impression d'agir.
     Et puis l'homme dans la vie de tous les jours, que ceux qui l'ont connus ont peut-être (en partie) approché, avec, vraisemblablement comme tout le monde, ses bassesses, ses lâchetés, ses incohérences, mais son humanité aussi, son recul par rapport au "personnage", sa lassitude aussi à l'égard de ces rôles qu'il faut sans cesse jouer lorsqu'on est devenu une personne "publique".
     Le film d'Antoine de Caunes essaye d'équilibrer astucieusement ces trois facettes, au risque d'écorner un peu l'image gentillette ou bébête du Coluche marrant et sympa. En se concentrant sur le moment le plus audacieux et aussi le plus contestable de sa biographie, il essaye de toucher à la fois l'homme, le comique, et le personnage qui tente de faire autre chose de son succès que de faire rire.
     On ne fait pas de la bonne politique avec des bons sentiments, et c'est ce qui apparaît dans le film, aussi bien chez les politiques professionnels - calculateurs et manipulateurs - que chez Coluche, qui se présente avant tout pour s'amuser, pour se faire de la pub, pour emmerder tout le monde, avant de se prendre à son propre jeu et de devenir le pire des politicien, c'est à dire ambitieux, mais sans programme à défendre.
     Du coup l'homme - Michel - lorsqu'il ne sa cache pas sous son pseudonyme, devient mystérieusement sympathique malgré ses excès, son indifférence essentielle au monde qui l'entoure, son nombrilisme de mauvais goût et son esprit de potache à succès.
     Si donc malgré cela il arrive à devenir sympathique, c'est parce qu'il apparaît comme écrasé par les uns et les autres, cette vermine qui l'entoure, ces gens qui vivent à ses dépends, qui l'envahissent, qui le harcèlent pour que l'homme corresponde à l'image qu'ils veulent s'en faire : amis proches et chacals de tout genre.
     Mais le public n'est pas en reste, qui lui aussi fabrique et impose "son" Coluche à Michel, "Coluche" sans lequel Michel n'existerait plus, et qu'il est donc tenu d'herberger non seulement chez lui mais en lui. C'est tout cette "attente" des autres à son égard, cette présence étouffante et toute puissance de l'espace public qui apparaît sitôt que Coluche entrouvre la porte de la politique.
     C'est pourquoi, alors qu'il aspirait justement, par cette candidature, à se rapprocher des gens, à être plus lui-même, à agir plus intimement que dans l'isolement de la scène, c'est tout le contraire qui arrive, il se trouve dépossédé, soumis, écrasé, tout en prenant conscience de son incompétence et de sa réelle impuissance à faire quoi que ce soit.
     La mention à la fin du film de l'action carritative des "Restos du coeur" qui - elle - fut un succès qui lui a survécu apporte un utile soulagement à cette longue et pathétique histoire d'échec personnel.

Publié dans Mes Tops

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R
Amitiés d’un petit poète qui s’enquiert de toute lumière…et vous convie au partage des émotions…
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M
Bien vu Pénéloppe.<br /> Ce message de fin concernant les Restos est effectivement ce qui m' a permis de me dire que je n'avais peut-être pas perdu 1h30 de ma journée ... <br /> Bisous !
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:
J'avais été le voir à Strasbourg en avant-première avec Antoine de Caunes en rencontre de fin de séance. J'ai bien aimé ce film, on en apprend beaucoup plus sur la personne que sur le personnage !
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G
"au risque d'écorner un peu l'image gentillette ou bébête du Coluche marrant et sympa" c'est exactement ce que fait le film. Bien vu !
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