TUTTA LA VITA DAVANTI
REALISATEUR : Paolo Virzi
ACTEURS : Isabella Ragonese, Sabrina Ferilli...
DUREE : 1h29'
ACTEURS : Isabella Ragonese, Sabrina Ferilli...
DUREE : 1h29'
Marta vient de soutenir une thèse sur Martin Heidegger. Mais comme ça n'intéresse personne, elle travaille comme telefonista dans une entreprise high tech qui fait son profit sur l'émulation, l'humiliation, l'hystérie et le stress de des employés...
C'est une expérience assez géniale d'aller voir un film dans une langue qu'on ne connaît pas. Je ne parle pas un mot d'italien, et donc l'expérience consiste à essayer de comprendre ce qui se passe sans comprendre ce qui se dit. Et finalement, ça n'est pas si dur !
Beaucoup de choses contribuent au sens au-delà des mots et des phrases. J'ai d'ailleurs réalisé en suivant ce film que le "sens" n'appartient pas aux mots. On s'imagine que c'est par les mots qu'on donne du sens aux choses, mais non. C'est par les sourires, les regards, les présences et les absences ; le calme, la douceur, les cris et la violence - par les gestes, donc, que se "fait" le sens.
Les mots ne sont qu'un décor, souvent trompeur, presque toujours inutile. Les mots disent bien trop de choses. Les phrases croulent sous l'inutile. La parole embrouille pour rien. Je dis ça en écrivant des mots, bien sûr. Mais je sais combien ces mots - finalement - ne sont rien devant quelques gouttes de pluie, la saveur veloutée d'un vin italien, la couleur des pierres sous le soleil, une caresse, une main, une joue.
En regardant tous ces gens parler sans comprendre ce qu'ils disent, je me demandais pourquoi ils se fatiguaient à parler, puisque sans rien comprendre j'arrivais à tout comprendre : la gentillesse appliquée et désenchantée de l'héroïne (j'ai d'ailleurs adoré cette actrice - et sa manière de marcher !) ; l'hypocrisie, la désinvolture, le désespoir, la jalousie de ceux qui l'entourent.
La collègue jalouse qui se voit soulever l'affection de sa chef, qui, bien malgré elle, se retrouve invitée à une fausse party à deux. La même chef qui se voit soulever l'affection du grand patron, dont on découvre finalement les faiblesses physiques et familiales. Le syndicaliste fort en parole, mais faible et menteur en gestes. L'employé honnête, frustré et surmené (avec une scène de sexe sauvage hilarante dans un coupé décapotable Peugeot^^) qui finit par craquer. La collègue nymphomane. La mère qui a perdu sa fille dans un suicide. La petite fille de la collègue nymphomane qui - comme l'héroïne - veut devenir philosope. Que sera sera...
C'est drôle, léger et grave en même temps, illuminé d'une clarté douce par le sourire intelligent de l'actrice principale. Et quelques gags m'ont fait mourir de rire. Le coupé décapotable Peugeot, le manque d'enthousiasme de l'héroïne pour exécuter la "chorégraphie du matin", et - à l'inverse - l'enthousiasme du jury de thèse dans la séquence du générique de fin, agitant les bras en mesure LOL !... De quoi donner envie de faire tout de suite une thèse sur Martin Heidegger !!!