XXY
TITRE : XXY
REALISATEUR : Lucia Puenzo
ACTEUR : Ines Efron, Martin Miroyansky...
DUREE : 1h31'
Alex est une fille de 15 ans qui vit en Uruguay dans une maison perdue près de dunes sauvages, avec ses parents. Sa mère a fait venir un chirurgien qu'elle connaît. Il arrive avec sa femme et son fils, Alvaro qui a 16 ans. Alex a un comportement étrange, elle le provoque, et finit par le forcer à faire l'amour avec elle. Il s'aperçoit alors qu'elle a un sexe d'homme.
J'ai adoré ce film qui traite des bizarreries cruelles de la nature, ici le cas d'un(e) hermaphrodite qui ne sait pas si elle est véritablement une fille, un garçon, ni l'un ni l'autre ou les deux à la fois. D'un côté ses parents la considèrent comme une fille et lui font prendre des médicaments pour l'empêcher de se masculiniser ; d'un autre son corps semble vouloir abandonner peu à peu la féminité. Elle sent qu'elle va devoir choisir, pour obtenir une certaine normalité sociale, mais en même temps son vrai désir serait d'être reconnue telle qu'elle est.
Evidemment le problème du normal / anormal se pose, et surtout - ce qui est beaucoup plus intéressant je trouve - le problème du naturel / contre-nature. Parce que là, le noeud du problème, c'est que c'est la nature qu'il l'a faite "monstrueuse". Donc elle est naturellement contre-nature, ce qui est paradoxal, mais je pense que tout le film repose sur ce paradoxe. Et puis sur les conséquences sur l'image qu'elle a d'elle-même, un corps qu'on doit cacher parce qu'il est différent, bizarre, anormal ; mais aussi qu'on cherche à voir par curiosité, et qu'elle elle veut aussi montrer parce que c'est son corps à elle et qu'il la définit. D'où je pense l'écho entre la scène où elle se fait agresser sur la plage par trois garçons qui veulent "voir comme elle est faite", et qu'elle vit comme un viol, et la scène finale où elle exhibe d'elle-même son sexe pour forcer Alvaro à le regarder.
L'autre point que j'ai aimé dans ce film, c'est la proximité qu'il y a, justement, entre le "monstre" et l'"être parfait". C'est un peu la différence entre l'hermaphrodite (le monstre médical) et l'androgyne (l'idéal fantasmatique). Comme quoi le rêve d'être à la fois l'homme et la femme peut devenir dans la réalité, comme je le disais au début, le cauchemar de n'être ni l'un ni l'autre.