LA BELLE PERSONNE

Publié le par Pénélope Lemarchand

TITRE : LA BELLE PERSONNE
REALISATEUR : Christophe Honoré
ACTEURS : Léa Seydoux, Louis Garrel...
DUREE : 1h30'



     Dans un lycée de la Muette à Paris, une nouvelle élève découvre l'amour avec un lycéen honnête, et la passion avec un enseignant séducteur. Elle découvre aussi la sincérité, la douleur, l'arrachement et la fragilité des sentiments...

     "Jamais cour n'a eu tant de belles personnes", dit Madame de la Fayette dans sa Princesse de Clèves. Ici, par une translation habile au XXIème siècle, la cour des princes devient cours de lycéens, mais les sentiments et les obstacles sont les mêmes.
     De belles personnes, dans tous les sens du terme, ce film en déborde. Belles physiquement d'abord, non pas d'une beauté d'acteurs ou d'actrice, mais une beauté vivante et vraie, jusque dans ceux qui - comme Nemours - jouent les acteurs.
     Beauté morale aussi, et même dans l'entrelacs des fausses amours, des secrets et des mensonges. Car même si un personnage semble à lui seul porter ce qu'aimer devrait vouloir dire - Otto, sorte d'ange renvoyant aux histoire d'avant la faute - tous son concernés, que ce soit dans la resistance, le scrupule, la prudence, le refus, ou - parfois - le dégoût de soi-même.
     Beauté du cadre aussi, fait de vieux murs et de couloirs usés, mais hanté malgré tout par le charme vieillot d'un hâvre de jeunesse et de savoir. Un lycée où l'on écoute Maria Callas chanter Donizzeti, où l'on lit et relit "Le Vierge, le Vivace et le bel aujourd'hui" de Mallarmée, où l'italien, le russe et l'anglais résonnent comme une musique.
     Beauté du drame, qu'il soit intérieur ou extérieur, ruminé ou hurlé, qu'il mène à la violence, à l'exil ou au suicide. Comme si d'ailleurs toute passion, tout sentiment vraiment vécu, parce qu'il est forcément un arrachement de soi-même, une confontation à l'inaccessible, est une violence, un exil et un suicide.
     Beauté de cette temporalité retenue, de cette sorte de langue posée dans l'écriture cinématographique, de ces longues période d'une langue très classique, qu'il fait si bon d'entendre - enfin - dans le tumulte gras et vulgaire des autres cours de récréation. Et dans cette magnifique scène du refus, où les mots sont des poèmes, et la voix une musique, et la lucidité devient tellement exemplaire qu'elle impose - quoi qu'on dise et quoi qu'on prétende - le silence.
 


     Junie au prénom prédestiné de vestale, Nemours au nom prédestiné de séducteur, et cette idée qu'il y a comme une condamnation - chez certains - à la passion, et cette condamnation tragique qui noue les coeurs, il n'y a que la fuite - en avant ou en arrière - qui permette de la dompter, et de quitter la paralysie terrible dans laquelle - sinon - elle nous tient prisonnières.

Publié dans Mes Tops

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Même le titre de ce film ne me dit rien. Mais tu me donnes envie de le voir.
Répondre
H
oui très beau film, je le conseille également
Répondre