RUMBA

Publié le par Pénélope Lemarchand

TITRE : RUMBA
REALISATEURS : Dominique Abel, Fiona Gordon...
ACTEURS : Dominique Abel, Fiona Gordon...
DUREE : 1h17'


     Dom et Fiona sont instituteurs le jour, amoureux la nuit, et le reste du temps, champion de rumba dans leur village. Malheureusement ils vont croiser sur leur chemin un suicidaire malchanceux, perdre la tête et une jambe, mais continuer à vivre...

     Rumba n'est finalement pas un film où l'on danse beaucoup, même si les numéros dansés sont tous excellents, en particulier celui réalisé en ombres chinoises qui m'a laissée totalement ébahie... mais la chorégraphie (sportive) du concours est très bonne aussi, ainsi que la "danse du souvenir sur l'horizon" de la fin.
     Car la vraie "rumba" n'est pas là. Le film tente en effet de renouer avec un humour à la foi léger et burlesque, qui oscille entre le cinéma muet de Buster Keaton ou le cinéma presque muet de Jacques Tati, et ajoute au milieu une touche personnelle pleine de grâce et de fantaisie.
     On assiste alors à une accumulation de gags, dont certains sont un peu poussifs (le changement de vêtements dans la voiture), d'autres rigolos (l'omelette), d'autres franchement hilarants (les arrières-plans du cours de gym), le tout avec un humour où il fait bon vivre, malgré les ricannements du sort.
     Car finalement l'histoire est assez dramatique. Ce qui sortait les deux héros de la routine professionnelle et conjugale, une autre routine, mais plus divertissante, celle des concours de danse latino, leur est définitivement dérobée par un suicidaire maladroit qui rate systématiquement sa mort (le gag du Corail...) et qui ensuite passe son temps à pleurnicher dans son remord.
     Mais physiquement et moralement diminués, ayant perdu leur emploi (le gag des gamins finissant leur cours de gym une bière à la main...) et leur maison (le gag du téléphone fondu...), séparés malgré eux, leur couple résistera quand même jusqu'au bout, après une belle scène de retrouvailles comme il ne peut en exister que dans les films.
     Car rien ne reste très longtemps sérieux. A l'image des phrases de plus en plus insensées que la maîtresse fait répéter in english à ses pauvres élèves, à l'image aussi des ses chutes interminables devant leurs regards médusés, cette hyperbole systématique fait plonger les personnages dans un "trop pire pour que ce soit vrai", et l'acharnement du sort, dans ces conditions, ne peut être finalement qu'une farce du destin.
     Ce côté ludique, gratuit, sans retenue, ostentatoire, mêlé à ce sens du petit détail et des "gags pour rien" (toute la scène de la plage...) font flotter le film, malgré les joies et les peines, dans une sorte d'impesanteur souriante et ravie. Légèreté flottante et virevoltante, faisant des pirouettes au nez de la malchance, c'est la sans doute qu'est la véritable "rumba", non pas une danse, mais une vision du monde, au-delà du bonheur et du malheur.

Publié dans Mes Tops

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M
Je voulais aller le voir, et puis les événements ont fait que je n'y suis pas allée. Et à la lecture de ta critique je le regrette. Je vais quand même essayé de me le procurer, peut-être en DVD?
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P
Un film merveilleusement tendre... J'ai adoré !!!
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F
Très bonne analyse de ce film si rafraichissant, en tant que film se rattachant à une grande tradition un peu boudée par le public, et d'une manière plus générale sur la façon d'aborder la vie et de concevoir ce qui en est essentiel. De tous ceux que j'ai vus depuis deux mois, je ne parle pas de tous, c'est celui qui m'a le plus marqué pour son ton si original et sa poésie. A bientôt sans aucun doute.
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M
Coucou, je n'ai pas vu ce film...<br /> <br /> Je venais te faire un p'tit coucou... je vois que tout va bien :)<br /> biz
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