PHENOMENES
TITRE : THE HAPPENING
REALISATEUR : M. Night Shyamalan
ACTEURS : Mark Wahlberh, Zooey Deschanel...
DUREE : 1h30'
A New York City, des habitants se suicident en grand nombre sans raison apparente. Un professeur de biologie comprend qu'il s'agit d'une revanche des plantes sensibles à l'agressivité humaine...
L'idée de départ de The Happening (celle de la Bande-Annonce) est à la fois spectaculaire et terrifiante : une série de suicides subits, sans motivation, collectifs, par le premier moyen qui surgit. Une sorte de crise incontrôlée et générale de cacopraxie, une "danse de Saint-Gui" moderne, un fléau psychotique contagieux et fatal...
Mais non. Passé cette idée géniale - et horriblement photogénique - on abandonne aussitôt le terrain des troubles neuro-psychiatriques pour basculer dans un fantastique de pacotille : c'est l'herbe véxée par la méchanceté des hommes qui émet des pollens maléfiques qui nous donnent envie de rouler sous nos tondeuses à gazon.
L'idée est tellement bête, non-cinématographique, invraisemblable et grotesque qu'on parvient difficilement à y croire. Et en plus elle est révélée, dévoilée, presque aussitôt, sans que rien ne puisse désormais relancer l'intérêt. Du coup, pour réveiller l'attention du spectateur, le scénario qui n'a rien de mieux à faire, nous énumère des péripéties hors-sujet, comme cette mamie agricultrice grincheuse, qui n'est là que pour faire bêtement sursauter, inutile, superflue, ridicule.
Même l'ultime scène au jardin des Tuilleries est tellement télégraphiée qu'elle ne fait "même-pas-peur". Au pire elle rappelle les premières images, celles de la Bande-Annonce, et combien l'idée, en de bonnes mains, aurrait pu faire un film terrible, traumatisant et inoubliable.
Faute d'avoir quoi que ce soit de plus à dire, et tant qu'à parler de nature qui devient inquiétante, la comparaison peut-être faite avec les fameux Oiseaux d'Hitchcock. Dans le film du "maître du suspens", le quotidien, peu à peu, devient de plus en plus effrayant, incompréhensible, indéchiffrable. La nature se met à parler une autre langue, que l'homme ne peut comprendre, une langue inhumaine, profondément dérangeante, définitivement mystérieuse, après quoi le moindre regroupement d'oiseau peut donner le frisson.
Ici le quotidien (des herbes qui ondulent parce qu'il y a du vent, des cimes qui s'ébrouent...) n'ayant aucun rapport direct de cause à conséquence (on ne voit jamais comment les herbes donnent envie au hommes de se tuer) ne parviennent jamais à être effrayant. On y voit au contraire un effet très bon marché pour film au rabais.
La preuve : en sortant de l'UCG Ciné-cité des Halles, je suis allée au jardin des Tuilleries, à l'endroit même où a été tournée la dernière scène. Si le film avait été bon, j'aurais été terrorisée de voir - et d'entendre - le vent dans les arbres. Or rien. Pas le moindre frisson. Pas un soupçon d'empreinte traumatique. Un simple haussement d'épaules... et puis voilà.